Votre histoire ?
Carole est une jeune femme de 45 ans, mère de 2 jeunes filles, native de Bernouil, petit village du Tonnerrois, dans lequel elle a développé son élevage de chèvres depuis 2017.
Elle est titulaire d’un BTS de Biologie appliqué, et travaillait à Châtillon-sur-Seine en tant que responsable de Sécurité/Environnement précédemment. Sa passion pour les chèvres, la disponibilité d’une vieille ferme familiale et le souci d’être plus présente auprès de sa famille, la conduisent à envisager une reconversion. Elle effectue donc un stage d'un mois au Centre National Caprin en Ardèche et en 2017 lance son entreprise avec 30 chèvres de race Saanen (race réputée pour la vigueur de ses chèvres blanches et la qualité du lait).
Votre activité professionnelle ?
Au fil du temps son élevage se développe et c’est avec 58 bêtes qu’elle travaille aujourd’hui en compagnie de son mari qui depuis un an a laissé son travail d’ingénieur pour renforcer l’entreprise. Il a commencé des travaux d’agrandissement et de modernisation des espaces qui accueillent les animaux, « Copain » un bouc géniteur y ayant déjà un box royal.
Le fruit de la traite journalière est d’environ 170 litres de lait que Carole transforme sur place dans son laboratoire en crottins, reblochons, tommes, crèmes dessert, yaourts, bouchons. Sa production s’étale de février à novembre, les mois de décembre et janvier étant ceux de la période qui précède les naissances. Plus de 90 chevreaux sont nés entre mi-janvier et mi-février et nécessitent une attention toute particulière. Chaque année Carole conserve une quinzaine de jeunes chèvres qui remplacent des plus anciennes destinées à la boucherie ou sont adoptées par des particuliers pour les transformer en « tondeuses à gazon ». Le bouc quant à lui est changé tous les deux ans.
La journée commence à 7h30 avec la distribution de foin, à 8h c’est la traite, à 9h distribution des granulés, puis fabrication des fromages et fin de la journée vers 21h avec la deuxième traite et le nourrissage des animaux. Il faut ajouter à ces longues journées la tenue des marchés par Carole du lundi au dimanche en matinée le plus souvent, à Saint-Florentin, Flogny, Tonnerre, Ligny-le-Châtel, Chablis. Cette activité laisse peu de place au temps libre.
Votre parcours professionnel ?
Pour commercialiser ses fabrications, Carole bénéficie d’une dérogation à l’obligation d’agrément sanitaire qui limite à 30% la vente de ses produits à des intermédiaires et lui laisse donc 70% de sa production en vente directe, d’où la tenue des marchés et l’appartenance à une jeune association réunissant une dizaine de producteurs « Les papilles tonnerroises » dont le siège est à Pimelles depuis le 7 mai 2022. C’est le Drive fermier des producteurs locaux avec la composition de paniers en ligne et le retrait en 7 points bien définis.
Carole ressent un essoufflement de ce dispositif et pour valoriser et diffuser sa production elle va faire une journée porte ouverte au printemps. Elle ne cache pas que la conjoncture fragilise la rentabilité de l’entreprise mais c’est avec un grand sourire qu’elle et son mari retroussent les manches et ont foi en l’avenir.
Votre parcours de femme ?
En tant que femme, Carole dit ne pas avoir rencontré de blocage particulier. Par contre sur certains marchés quelques collègues masculins s’autorisent à son encontre des grivoiseries déplacées.
Votre engagement associatif, culturel... ?
Très occupée, elle n’a aucune activité extraprofessionnelle « par manque de temps » dit-elle, son travail est chronophage. Elle reste interrogative mais néanmoins persuadée que le territoire a des richesses au travers de jeunes qui comme elle, réussissent à le valoriser.
Vos propositions pour faire vivre le territoire ?