Votre histoire ?
Je suis un cocktail piquant. J’ai des origines Palestinienne, Chilienne et Andine. Je suis née au Chili. Je suis venue vivre en France pour échapper aux difficultés de vivre dans une ambiance dictatoriale, patriarcale, et catholique traditionnelle. Quand je suis arrivée j’ai découvert la liberté et le respect des femmes et des êtres humains. Je me suis construite en France, avec juste l’envie de rester là. La France c’est le pays des droits de l’homme et je constate depuis 30 ans que je suis ici, que ce n’est pas toujours vrai.
J’ai eu une vie en dents de scie. J’ai commencé des études mais j’ai dû arrêter pour travailler. Je me suis mariée deux fois, j’ai une fille qui a 25 ans et qui vient d’obtenir son diplôme de sociologue et démographe. Le fait d’être seule quand je suis arrivée en France ne m’a pas permis de finir les études que je voulais suivre pour être artiste. Au Chili, c’était inconcevable pour une fille de faire ce genre de chose. Les femmes ne sont pas respectées dans leur choix.
A présent au Chili la vie est dure mais, c’est en train de changer, il faut le préciser. La jeunesse se bat pour ça, durement en ce moment, car le nouveau Président, n’a même pas 40 ans et c'est un être assez ouvert et humain.
Votre activité professionnelle ?
Maintenant, j’ai le statut d’auto-entrepreneuse et j’ai abandonné le statut d’intermittente du spectacle que j’avais quand je créais des décors pour le cinéma et le théâtre. Ce métier est usant, c’est assez souvent galère, sur les chantiers, rarement de toilettes pour nous les femmes, mieux vaut ne pas se faire remarquer, auprès des personnels masculins, pas de discussions trop prolongées, toujours être « gentille » (pour pouvoir demander un coup de main pour les travaux qui exigent de la force) Il faut de la « bouteille » pour gérer les relations femme-homme.
Votre parcours de femme ?
Avant 30 ans c’est difficile pour les jeunes femmes : affronter les regards, les blagues salaces, les ambiances machistes. Certes les hommes ont tendance à changer (un peu par peur des répercussions), mais globalement ils sont toujours machos, provocateurs, c’est souvent « hard ». Il faut faire abstraction de pas mal de trucs ! Artiste plasticienne et sculptrice, pour gagner ma vie j’ai aussi été décoratrice pour le théâtre et le cinéma. Je suis aussi restauratrice du patrimoine, je restaure des sculptures.
Bientôt je vais me poser de façon permanente en Bourgogne, l’endroit que j’ai trouvé est extraordinaire. Être au bord de l’eau, au milieu de la campagne, les écureuils, les canards, les ragondins…Cela me permet de penser, j’ai un peu peur du futur, je ne vais pas grimper aux échafaudages, porter des sacs, encore pendant 10 ans…Ici je vais donner des cours et organiser des stages d’été, de céramique et d’arts plastiques… je suis équipée. J’ai tout le matériel, nécessaire pour me lancer, développer des choses.
Votre engagement associatif, culturel... ?
Quand je serai installée, je participerais volontiers à des actions, des manifestations concertant les femmes. Eduquer les garçons et les filles à se respecter et faire respecter c’est ce qui me semble primordial. On sent ressurgir une tendance au machiste. On ne va tout de même pas vivre dans une France patriarcale, dictatoriale et catholique traditionaliste !
Vos propositions pour faire vivre le territoire ?